Les cortinaires, le sous-genre Cortinarius

Classé dans : Taxonomie-Systématique | 2

par Herman Lambert

Voici le deuxième d’une série d’articles préparés par Herman Lambert sur le sujet difficile des Cortinarius. Ces articles ont été publiés entre mai 2014 et juillet 2015 dans la revue LE BOLETIN du Cercle des mycologues amateurs du Québec.

Les cortinairesLE BOLETIN, Vol. 61 No 2 Mai 2014 –> Le blogue Mycoquébec, 16 octobre 2015
Les cortinaires : le sous-genre Cortinarius. LE BOLETIN, Vol. 61 No 3 Juillet 2014
Les cortinaires, le sous-genre Myxacium. LE BOLETIN, Vol. 61 No 4 Novembre 2014 –> Le blogue Mycoquébec,  14 janvier 2016
Les cortinaires, le sous-genre Phlegmacium. LE BOLETIN, Vol. 62 No 1 Jamvier 2015 –> Le blogue Mycoquébec, 6 décembre 2015 
Les cortinaires, le sous-genre Telamonia. LE BOLETIN, Vol. 62 No 3 Juillet 2015 –> Le blogue Mycoquébec, 9 mai 2016

Le genre Cortinarius contient le plus grand nombre d’espèces chez les basidiomycètes, peut-être plus de 2000 espèces dans le monde. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, des mycologues européens ont divisé les cortinaires en sous-genres pour mieux les classer (voir le blogue précédent sur les cortinaires). On peut ainsi trouver dans la littérature au moins 4 classifications majeures provenant d’Europe ayant en commun 4 sous-genres, mais différentes sections sous chaque sous-genre. Il n’existe pas de telle classification pour les cortinaires en Amérique du Nord. Il faut donc se référer aux classements européens pour démêler nos cortinaires. Le développement de la phylogénie, grâce au séquençage de l’ADN, rend ces classements de moins en moins cohérents en démontrant que des espèces différentes macroscopiquement sont très voisines et que des espèces semblables sont séparées par d’autres espèces selon leur ADN. Une classification est présentement développée par le groupe de Funga Nordica et est régulièrement ajustée au fil des études pour mieux tenir compte de l’évolution des espèces. Celle-ci contient surtout des cortinaires de l’Europe et plus spécifiquement de la Scandinavie qui possède un climat et des forêts semblables à ceux du Québec. Malgré que cette classification ne soit pas aussi complète que les classifications de Cortinaria Flora Photographica et de Il Genere Cortinarius in Italia, j’ai choisi de présenter le sous-genre Cortinarius selon la classification de Funga Nordica qui tient compte des avancements de la taxonomie des cortinaires et parce qu’elle contient des cortinaires qui sont près des cortinaires du Québec.

Cortinarius sous-genre Cortinarius

Les cortinaires de ce sous-genre ont un chapeau et un pied secs, non viscidules, ni visqueux. Le basidiome peut être complètement violet ou au moins une partie du basidiome est de couleurs vives telles que le rouge, le jaune, l’orange, l’olive ou le vert. Parfois uniquement les lames sont colorées. Il contient aussi bien des espèces grêles que robustes. Le diamètre des chapeaux varie de 2 à 11 cm. Ce chapeau est souvent tomenteux ou écailleux, rarement hygrophane. Le voile général est souvent brillamment coloré de même que le mycélium. Ils n’ont pas d’odeur ou ont parfois une odeur raphanoïde, iodoforme ou de cèdre. Ils ont des spores subglobuleuses, ellipsoïdes ou amygdaloïdes. Comme on peut le constater dans la clé de ce sous-genre, l’observation des spores au microscope est incontournable pour séparer les champignons des sections du sous-genre Cortinarius, des espèces du sous-genre Telamonia. Ce dernier sous-genre contient aussi des cortinaires à surface non viscidule, mais de colorations plus ternes. L’observation des jeunes spécimens frais est primordiale pour la détection des colorations; les cortinaires perdent leurs couleurs vives en vieillissant et en séchant.

Le sous-genre Cortinarius est divisé en 4 sections : la section Cortinarius, la section Veneti, la section Dermocybe et la section Limonii-Orellani-Hummicolae-Callistei.

 

Section Cortinarius

La section Cortinarius contient les cortinaires violet foncé; le très beau C. violaceus est le seul représentant de ce sous-genre au Québec. L’hyménium de ces cortinaires a des cellules différenciées contrairement aux cortinaires des autres sections de ce sous-genre.

Une espèce au Québec

Cortinarius violaceus

Cortinarius violaceus / Cortinaire violet PHOTO : Fernand Therrien
Cortinarius violaceus / Cortinaire violet
PHOTO : Fernand Therrien

 

Section Veneti

La section Veneti contient des cortinaires vert olivâtre, jaune olivâtre ou brun jaunâtre et avec des spores subglobuleuses à ovoïdes.

Quatre espèces parmi les Veneti du Québec

Cortinarius aff cotoneus

Cortinarius aff melanotus

Cortinarius arenatus

Cortinarius venetus

Cortinarius aff. melanotus / Cortinaire à squames noires
PHOTO : Yves Lamoureux

 

Section Dermocybe

La section Dermocybe contient de petits cortinaires dont les lames, au début, sont jaune, orange ou rouge vif. C’est la section de ce sous-genre qui compte le plus grand nombre d’espèces. C. sanguineus, que l’on trouve régulièrement sous conifères, fait partie de cette section qui est considérée comme un sous-genre selon d’autres classifications.

Espèces parmi les Dermocybe du Québec

Cortinarius cf. cinnamomeoluteus

Cortinarius chrysolitus

Cortinarius huronensis

Cortinarius incognitus

Cortinarius malicorius

Cortinarius olivaceofuscus

Cortinarius pseudotubarius

Cortinarius sanguineus

Cortinarius scaurotraganoides

Cortinarius semisanguineus

Cortinarius subcroceofolius

Cortinarius tubarius

Cortinarius uliginosus

Cortinarius sanguineus / Cortinaire sanguin PHOTO : Herman Lambert
Cortinarius sanguineus / Cortinaire sanguin
PHOTO : Herman Lambert

 

 

Cortinarius malicorius / Cortinaire à lames orange PHOTO : Herman Lambert
Cortinarius malicorius / Cortinaire à lames orange
PHOTO : Herman Lambert

Section Limonii-Orellani-Hummicolae-Callistei

La section Limonii-Orellani-Hummicolae-Callistei contient des cortinaires jaunes, rouge jaunâtre à brun rouge. Cette couleur provient parfois du voile général qui y est bien visible. Cette section regroupe des espèces de sections existantes dans d’autres classements européens. Il est probable que cette section soit scindée suite à des études ultérieures.

Quelques espèces au Québec

Cortinarius annulatus

Cortinarius callisteus

Cortinarius flavifolius

Cortinarius limonius

Cortinarius rubellus

Cortinarius limonius / Cortinaire omboné PHOTO : Herman Lambert
Cortinarius limonius / Cortinaire omboné
PHOTO : Herman Lambert

 

Clé des sections du sous-genre Cortinarius

① Basidiome violet foncé, charnu, chapeau de 5 à 11 cm, spores > 11 µm de longueur, cheilocystides et pleurocystides présentes ⇒ section Cortinarius

 Basidiome non violet foncé, chapeau de 1 à 10 cm, spores < 11 µm de longueur, avec cellules marginales petites peu ou pas différentiées ⇒②

② Chapeau de 1 à 6(-7) cm, non ou légèrement hygrophane, jeunes lames de couleur orange, jaune ou rouge vif, spores ellipsoïdes ou amygdaloïdes  ⇒section Dermocybe

② Chapeau de (2-)4 à 10 cm, hygrophane ou non, jeunes lames blanches à jaunâtres, jaune brunâtre, olivâtre ou brun rougeâtre, jamais de couleur vive, spores subglobuleuses, amygdaloïdes, ellipsoïdes ou fusiformes ⇒③

Spores presque ovoïdes à subglobuleuses ⇒ ④

Spores amygdaloïdes, ellipsoïdes ou fusiformes ⇒⑦

 Basidiome vert olivâtre, jaune olivâtre ou brun jaunâtre ⇒ section Veneti

Basidiome jaune, rouge jaunâtre à brun rouge ⇒⑤

 Voile général absent ou très mince, chapeau de 2 à 6 cm, spores subglobuleuses de 6-7 x 4,5-5,5 µm ⇒ Sous-genre Telamonia, section Renidentes

 Voile général visible, chapeau 3 à 11 cm, spores habituellement plus grand ⇒⑥

 Odeur faible soit de pomme de terre crue, de bois de cèdre, de chandelle récemment éteinte, de fer chauffé ou légèrement raphanoïde, le voile général est jaune ou orange, sous feuillus ou conifères  section Limonii-Orellani-Hummicolae-Callistei

 Odeur forte raphanoïde ou terreuse, voile général blanc ou parfois jaune, rarement orange brillant, sous feuillus  Sous-genre Telamonia, section Hinnulei

 Chair blanchâtre se colorant distinctement jaune à la coupe, spores en moyenne < 4,5 de largeur  C. rubicundulus

 Chair ± brunâtre ne se colorant pas jaune à la coupe, spores en moyenne > 4,5 de largeur  

 Basidiome complètement rouge cinabre  C. cinnabarinus

 Basidiome non rouge cinabre  

 Pied < 0,5 cm de diamètre  Sous-genre Telamonia, section Anthracini

 Pied habituellement > 0,5 cm de diamètre  

 Spores presque ovoïdes à amygdaloïdes, odeur indistincte, de bois de cèdre ou légèrement raphanoïde  Section Limonii-Orellani-Hummicolae-Callistei

 Spores subglobuleuses, ellipsoïdes ou obovoïdes, odeur raphanoïde ou terreuse  Sous-genre Telamonia, section Hinnulei

 

Remerciements

L’auteur remercie Renée Lebeuf et Fernand Therrien pour avoir permi l’utilisation de leurs photos qui illustrent cette article.

Références

  • Knudsen, Henning & Vesterholt, Jan. (éd)  Funga Nordica. Agaricoid, boletoid and cyphelloid genera, Copenhagen: Nordsvamp, 2008. 965 p.
  • Brandrud et coll., Cortinarius Flora Photographica, Vol 1-5, Cortinarius HB (Éd.), Klövervägen, Suède, 1990-2014

 

Modifié le 3 décembre 2015

2 Responses

  1. Patrick Poitras

    Je viens de survoler l’article. D’ici peu, je prendrai vraiment le temps de le lire attentivement. Merci pour toutes ces informations à la fine pointe de la mycologie!

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