Un nouveau nom pour une étoile

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Un changement de nom en perspective!

Astraeus hygrometricus s.l.

par Jacques Landry et Roland Labbé

Geastrum et Astraeus sont deux genres de champignons qui se ressemblent beaucoup mais qui, pourtant, ne sont apparentés que de très loin. Les anglophones les nomment respectivement  « étoiles de terre » et « fausses étoiles de terre ».  Leur ressemblance est le résultat d’une évolution convergente plutôt que d’une parenté génétique. En effet, les Geastrum ou Géastres s’apparentent aux phallus et appartiennent à l’ordre des Géastrales, alors que les Astraeus ou Astrées s’apparentent aux vesses-de-loup et sont de l’ordre des Bolétales.

Plusieurs de ces champignons, mais surtout les Astrés, sont dits « hygroscopiques ». Ils s’ouvrent à l’humidité et et se referment lorsque le temps devient sec et chaud.

Le film suivant montre l’ouverture d’un Astraeus en moins de 5 min lorsqu’il devient humide et sa fermeture sur une période 3 jours lorsqu’il sèche. Cette opération peut être répétée plusieurs fois.

 

Au Québec, on a trouvé jusqu’à maintenant 12 espèces de Geastrum et une espèce d’Astraeus. Cette dernière est décrite autant dans Pomerleau (1980) que McNeil (2006) sous le nom de A. hygrometricus,  une espèce longtemps considérée comme ayant une distribution cosmopolite, ce qui signifie que l’on croyait qu’elle se retrouvait partout dans le monde, là où  l’environnement le permet.

Astraeus hygrometricus/ Astrée hygrométrique
Astraeus retrouvée au Québec.
PHOTO Patrick Poitras

Or, selon les résultats récents d’analyses d’ADN, il devient de plus en plus clair que l’espèce européenne A. hygrometricus, décrite à l’origine par Persoon, est différente de la version nord-américaine décrite par Morgan (Phosri et al. 1997, 2013; voir aussi Hodge, 2014) .  Jusqu’à maintenant, ce n’est qu’en Turquie que l’on retrouve la version originale de A. hygrometricus.  L’analyse de nouveaux spécimens obtenus de différentes parties du monde révèle en effet que les espèces ressemblant à A. hygrometricus et considérées depuis toujours comme des A. hygrometricus, représentent en fait des espèces différentes. 

Ainsi, il existe maintenant une dizaine d’espèces décrites d’Astraeus. En Amérique, de tous les échantillons analysés, aucun ne correspond  à A. hygrometricus. Ils se retrouvent plutôt sous trois espèces : A. morganii, dont le type est du Colorado et qui a été retrouvé au Wisconsin et au Mexique; A. smithii, dont le type est du Michigan et qui se retrouve aussi au Wisconsin et finalement,  A. pteridis, une espèce de l’ouest des États-Unis, des Iles Canaries  et d’Argentine.

Quelle espèce avons-nous au Québec? Les probabilités sont que notre espèce, dénommée jusqu’à maintenant A. hygrometricus, devra également se trouver une nouvelle identité. Ce sera par des observations comparatives minutieuses entre notre espèce et toutes celles déjà décrites et aussi, et surtout, par l’analyse de l’ADN de nos spécimens, que l’on pourra déterminer si elle correspond à A. smithii, A. morganii ou une autre espèce.   Pour le moment on la retrouvera sur Mycoquébec sous le nom de Astraeus hygrometricus s.l. ( sensu lato : au sens large)

À SUIVRE …

Nos remerciements à Renée Lebeuf et Patrick Poitras pour la permission d’utiliser leurs photos.


A. morganii  Phosri, Watling & M.P. Martín

  •  type : Colorado
  • confirmé au Mexique et Wisconsin
  • Diagnose : This new species is closely related to A. pteridis, but differs in the smaller basidiome AND spores, and its unique ITS nrDNA sequence. 
  • Distribution : du Centre des É.-U. jusqu’au Mexique.

NOTE : Une erreur s’est glissée dans la diagnose officielle de l’espèce. Les spores de A. Morganii sont plus petites que ceux de A. pteridis, et non plus grandes (María P. Martín, communication personnelle 2014). « The spore size ranged from 7.5–10.0 μm,mean±SD=9.44±0.86 (Fig.2A). »  pour A. morganii et  » …  the spore size ranges from 7.5– 12.5 μm, mean ± SD = 10.19 ± 1.24 (Fig. 2B).  » pour A. pteridis (Phosri et al. 2013). Un corrigendum est à venir (María P. Martín, communication personnelle, 2014). 


Astraeus smithii Watling, M.P. Martín & Phosri
  • type : Michigan
  • Confirmé au Wisconsin
  • Diagnose : This species is characterised by the inner peridium at maturity becoming matted-fibrillose to reticulate, the dark almost blackish rhizoids, and its unique ITS nrDNA.

Références

  • Hodge, K, 2014, Twinkly earthstars, Cornell Mushroom Blog, http://blog.mycology.cornell.edu/2014/06/03/twinkly-earthstars/
  • McNeil, R., 2006. Le grand livre des champignons du Québec et de l’Est du Canada. Éditions Michel Quintin.
  • Phosri, C., Martín, M.P., Sihanonth, P., Whalley, A.J.S., Watling, R., 2007. Molecular study of the genus Astraeus. Mycol Res 111, 275–286.
  • Phosri, C., Martín, M.P., Watling, R., 2013. Astraeus: hidden dimensions. IMA Fungus 4, 347–356.
  • Pomerleau, R., 1980. Flore des champignons au Québec et régions limitrophes. Les Éditions la Presse, Ltée.

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