Potins mycologiques du 22 août 2014

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Par Yves Lamoureux

QU’Y AVAIT-IL DANS UNE SAPINIÈRE À BOULEAU EN CE BEAU VENDREDI MATIN?

On ne parlera que d’espèces rares, bolets et lamellés, peu connues ou mal comprises, vues un peu au nord de Saint-Côme (Lanaudière).

Voilà maintenant neuf jours qu’il a plu en abondance sur le site, mais les champignons se font attendre… comme prévu! Précisons tout de suite que le temps était très sec avant cette pluie. Ce texte s’applique à la région de Montréal et environs. On verra plus loin pourquoi que cela est normal. C’est ce qui laisse du temps pour écrire un texte dans un blogue!

CORTINAIRES

Les cortinaires demeurent absents à toutes fins utiles, sauf de rares exceptions. Pas de bolets non plus, outre quelques Suillus très communs. Le cortinaire le plus fréquent était Cortinarius lepidopus.

Le rare Cortinarius aff. melanotus était présent au même endroit qu’à l’habitude. Cette espèce est facile à reconnaître, mais nos tentatives de le nommer avec précision ont été vaines, malgré des consultations avec des experts en au fil des ans.

AMANITES

Un seul basidiome d’Amanita variicolor a été vu et identifié sur le champ, son pied étant intensément orné de chinures orangées. Je n’ai même pas vu d’amanites vireuses ss. Lamoureux (2006).

RUSSULES

Russula integra (L.) Fr. (A) / Russule intègre

Russula integra était présent, deux basidiomes. On le reconnaît à son chapeau multicolore, dans les tons de brun, de jaunâtre et de rougeâtre, et pruineux par endroits. La chair est ferme pour ce type de russule (sans lamellules). Ses lames jaunâtres, la sporée étant ocrée, son pied blanc et ferme, et sa venue avec le pin blanc m’ont aidé à le reconnaître. Je savais qu’il était présent sur le site… Ça aide! Russula paludosa était là, une, et une dizaine de Russula aquosa ss. Shaffer.

ENTOLOMES ET PLUTÉES

Une petite espèce d’entolome, de « type » nolanie, Entoloma avellaneum Murrill, était présente à divers endroits.

Pluteus brunneidiscus Murrill / Plutée à disque brun

Pluteus brunneidiscus, vu sur le même site quatre jours auparavant, apparaissait à divers endroits. C’est donc le bon temps pour apprendre à le connaître. Il est souvent pris pour P. cervinus. Et il y a de quoi!

LACTAIRES

Lactarius mackinawensis Hesler & A. H. Sm. / Lactaire de Mackinaw
Lactarius mackinawensis Hesler & A. H. Sm. / Lactaire de Mackinaw

Enfin, je voyais pour la troisième fois seulement en plus de 25 ans, Lactarius mackinawensis. Celui-ci rappelle la forme violacée de L. affinis (nommée à tort au Québec L. trivialis). Il est lié aux conifères et se tache rapidement de jaune comme L. maculatus. D’ailleurs, de la glu orangée dégoulinait au pourtour du chapeau, et le pied était scrobiculé de jaune.

VOUS VOULEZ  EN SAVOIR PLUS SUR CES ESPÈCES?

Celles-ci et ce qu’il faut savoir sur elles se trouvent dans ma galerie FlickR, donc également sur Mycoquébec!

LA RÈGLE DES 10 À 20 JOURS

Lors d’une conférence qui avait lieu au CMM à la fin des années 90, on a appris des choses intéressantes sur le temps que prennent les champignons symbiotiques à se développer après la pluie, suivant une longue période de sécheresse.

À l’aide d’un système d’arrosages artificiels, une plantation d’épinettes de Norvège, dont les arbres avaient été inoculés avec le Cèpe de Bordeaux, Boletus edulis ss. str., a été étudiée pendant une dizaine d’années. Le but premier était de trouver une façon d’aider les agriculteurs à rentabiliser leur terre en y faisant pousser des Cèpes.

Les résultats nous ont appris que dix à vingt jours sont nécessaires pour voir de très jeunes Cèpes sortir du sol après une pluie forte. Le minimum d’eau est équivalent à environ 40 mm de pluie reçue sur une période de 24 heures. Il n’y aura pas de poussée en bas de cette quantité. Et même si l’on arrose plus, cela prends dix jours au moins de toute manière. C’est la température qui va influencer le temps de préparation du mycélium à produire des basidiomes. Pour conserver l’humidité, on arrosait tous les jours la plantation d’environ 5 mm d’eau pendant la nuit.

Une fois les Cèpes sortis, il faut compter environ un autre dix jours pour que les champignons atteignent leur pleine taille et que la sporulation soit terminée. Pour B. edulis, l’âge idéal pour les épinettes est entre 30 et 35 ans.

Lors de la même étude, les auteurs ont appris que Lactarius deterrimus et certaines espèces typiquement automnales poussaient aussi en plein été, mais ils leur fallait beaucoup plus d’eau qu’en septembre pour fructifier. De même, certaines espèces tardives, comme Tricholoma equestre, ne sortiront jamais en été, peu importe la pluie tombée au sol.

Certains champignons symbiotiques sont plus rapides que d’autres, comme les Leccinum, les Laccaria et les Inocybe, qui peuvent apparaître au bout de sept ou huit jours. Mais les symbiotiques qui poussent deux jours après la pluie… oubliez ça! Il faut être patient.

Excusez les fautes,  les coquilles, les erreurs de syntaxe, le style familier, etc.

Bonne fin de saison!
YL

2 Responses

  1. Guylaine Gagnon

    Merci Yves,

    Tes renseignements me disent qu’on aura des très belles cueillettes au rassemblement FQGM au Lac St- Jean.

    À suivre,,,

    Guylaine Gagnon SMA

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