Neoboletus luridiformis, un nouveau bolet découvert au Québec

Classé dans : Champignon vedette | 2

par Jacques Landry

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Neoboletus luridiformis
Montréal, juillet 2015 
PHOTO : Jean Després

Jean Després, auteur de nombreux livres en mycologie et collaborateur assidu de Mycoquébec,  présentait le 31 mai dernier sur sa page Flickr une photo d’un bolet à pores rouges, trouvé à Pointe-aux-Trembles sur l’Île de Montréal. Outre le fait inusité qu’un bolet de ce type émerge aussi tôt en saison, celui-ci semblait ne corresponde parfaitement bien à rien de ce qui était connu au Québec.  En juillet 2015, Jean avait photographié un spécimen similaire au même endroit, mais n’avait pu arriver à une identification.  Ce champignon ressemblait à Suillellus luridus, sauf qu’il n’avait pas les réticulations fortes que ce dernier a sur le pied.

C’est Renée Lebeuf qui suggéra qu’il pourrait s’agir de Neoboletus luridiformis : « Ça ressemble beaucoup à Neoboletus luridiformis. Dans leur dernier livre sur les bolets, Bessette et al. le disent présent dans l’est du Canada. Chapeau velouté, brun foncé au début puis devenant brun olive. Pores rouges. Pied ponctué de rouge sur fond jaune, non réticulé ou à peine à l’apex », écrivait-elle en commentaire sous la photo.  Yves Lamoureux se dit d’accord avec cette identification, qui fut d’ailleurs étayée par la mesure des spores qu’en fit Jean.

Neoboletus luridiformis
Montréal, mai 2017 
PHOTO : Jean Després

 

Il faudra donc garder l’oeil ouvert en cette nouvelle saison mycologique qui commence. Ce spécimen a été trouvé sous les chênes rouges, cependant en Europe on le trouverait dans des forêts de feuillus ou encore sous les pins. Dans le nord-est de l’Amérique du Nord, il a été trouvé au moins dans les états du Michigan et de New York  (Mycoportal) où il serait associé également avec les feuillus et les conifères.

Comme son nom l’indique ( luridiformis : de la forme de luridus), il est très semblable à Suillelus luridus. Il s’en distingue principalement par l’absence de réticulations marquées sur le pied.

Selon la clé de Kuo (2013), il se retrouve donc dans un groupe de bolets à pores rouges (non bruns lorsque jeune), dont la chair bleuit à la coupe et au pied non réticulé. Parmi le bolets connus du Québec, il partage ces caractéristiques avec Boletus subrulidellus qui a un chapeau qui semble parfois être brun dû à la présence d’un duvet brun, mais qui est rapidement rouge avec la disparition du duvet, et B. subvelutipes qui lui est vraiment brun. Il se distingue de ces deux derniers par la présence de points (flocons) rouges sur le pied et son chapeau qui peut être brun olive.

Neoboletus luridiformis serait un synonyme de Boletus erythropus et pour l’instant porte le nom français européen de ce dernier, Bolet à pied rouge.

Une description détaillée de Neoboletus luridiformis est déjà sur Mycoquébec. Une clé des bolets à pores rouges et un tableau comparatif sont en préparation.

Les photos ont été utilisées avec la permission de Jean Després.

 

  • Després, Jean. Page Flickr sur les champignons https://www.flickr.com/photos/23521914@N08
  • Bessette AE, Roodey, WC, Bessette AR, (2016) Boletes of Easter North America, Syracuse University Press, Syracuse, New York.
  • Kuo, M. (2013, December). Key to 47 red-pored boletes in North America. Retrieved from the MushroomExpert.Com Web site: http://www.mushroomexpert.com/boletes_red_pored.html

 

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2 Responses

  1. Patrick Poitras

    Bravo pour cette belle découverte, Jean! En plus, ce semble être une très belle espèce… qu’on ne pourra pas trouver en Abitibi-Témiscamingue, du moins en Abitibi, vu l’absence de pins rouges!

    Patrick

    • Jacques

      Patrick, je ne crois pas que l’hôte soit bien connu. Jean l’a trouvé sous les chênes, mais on le trouve aussi sous les conifères semble-t-il.

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