Hygrophorus paludosus Peck

Classé dans : Champignon vedette | 0

 

par Yves Lamoureux

Sans titre - copie

Voici un superbe hygrophore, apparemment inconnu au Québec jusqu’ici. Du moins, nous n’avons pas trouvé de récolte documentée.

On reconnaît Hygrophorus paludosus à son chapeau et son pied fortement glutineux (sauf à l’apex), à sa coloration plutôt foncée chez les jeunes, dans les tons de brun-jaune à brun-gris, et à son association avec le hêtre.

23814016075_3121c76b13_h
Hygrophorus paludosus Peck / Hygrophore des marais
= Hygrophorus fuscoalbus (Lasch) Fr. ss. auctt. amer.
= Hygrophorus paludosoides Hesler & A. H. Sm.
DONNÉES DE RÉCOLTE : Collection Lamoureux 4339 (fongarium YL). Repentigny (Lanaudière-Sud), 1er octobre 2015. Habitat: sur sol argileux, en terrain marécageux, tout autour d’un hêtre d’environ une cinquantaine d’années, avec des peupliers faux-trembles à proximité. Nombreux basidiomes présents, à tous les stades de développement. Trouvé par Louise Rocheleau.

 

Hygrophorus paludosus est une espèce endémique fort bien caractérisée. La zone supérieure du pied, au-delà de l’endroit où la marge du chapeau touche le pied dans le tout jeune âge, est ornée de minuscules squamules blanches. En séchant, ces squamules deviennent ocre roussâtre à ocre olivâtre, selon le type d’éclairage sous lequel on les observe. À l’application de KOH 5 %, ces squamules prennent très rapidement une vive coloration jaune orange puis rouge cinabre (en moins de trois secondes). L’odeur est indistincte et les spores mesurent 9,2-11,5 x 6-6,5 µm.

Hygrophorus albofuscus, commun en Montérégie, diffère de H. paludosus par son pied entièrement sec et par son association avec le charme. H. fuligineus se distingue des deux premiers par son chapeau presque noir, par sa stature plus trapue et par son association avec le pin blanc.

Je remercie ma Douce, Louise Rocheleau, qui a aperçu cet hygrophore pendant que je m’affairais à récolter des cortinaires à l’orée d’un sentier (Cortinarius subbalaustinus). Pénétrant plus profondément dans la forêt, Louise m’a alors interpelé: « Mon chéri, viens voir! Je crois que cela va t’intéresser encore plus ».

Sans elle, j’aurais probablement tout bonnement continué mon chemin après avoir emballé mes cortinaires.

Hygrophorus paludosus a été vu à ce seul endroit dans la forêt. Il s’agit de toute évidence d’une espèce très rare chez nous. Son association avec le hêtre en milieu marécageux suggère qu’au Québec, il ne se trouve probablement que dans la vallée du Saint-Laurent, en basse altitude. Bessette et collab. (2012) mentionnent que l’espèce est commune localement dans le nord-est de l’Amérique, sans donner plus de précision. Toutefois, Homola et collab. (1985) n’indiquent pas sa présence dans le Maine. Il était également inconnu de la Nouvelle-Écosse en 1979 (Bird & Grund).

OUVRAGES CONSULTÉS

  • BESSETTE, A. E., W. C. ROODY, W. E. STURGEON & A. R. BESSETTE, 2012. «Waxcap mushrooms of Eastern North America.» Syracuse Univ. Press.
  • BIRD, C. J. & D. W. GRUND, 1979. «Nova Scotian species of Hygrophorus.» Proc. N. S. Inst. Sci., 29: 1-131.
  • BREITENBACH, J. & F. KRÄNZLIN, 1991. «Champignons de Suisse. Tome 3. Bolets et champignons à lames. 1ère partie. Strobilomycetaceae et Boletaceae, Paxillaceae, Gomphidiaceae, Hygrophoraceae, Tricholomataceae, Polyporaceae (lamellées).» Mykologia, Lucerne.
  • CANDUSSO, M., 1997. «Hygrophorus s. l.» Fungi Europaei 6, Libreria Basso, Alassio.
  • HESLER, L. R. & A. H. SMITH, 1963. «North American species of Hygrophorus.» Univ. Tennessee Press, Knoxville.
  • HOMOLA, R. L., M. M. CZAPOWSKYJ & B. M. BLUM, 1985. «Ectomycorrhizae of Maine, 3. A listing of Hygrophorus with the associated hosts.» University of Maine, Orono.
  • KNUDSEN, H. & J. VESTERHOLT (Éd.), 2008. «Funga nordica. Agaricoid, boletoid and cyphelloid genera.» Nordswamp, Copenhagen.
  • LARGENT, D. L., 1985. «The Agaricales (gilled fungi) of California. 5. Hygrophoraceae.» Mad River Press, Eureka.
  • LARSSON, E., S. JACOBSSON & A. STRIDVALL, 2011. «Släktet Hygrophorus, skogsvaxskivlingar i Sverige.» Mykologiska publikationer 3. Sveriges mykologiska förening, Göteborg.
  • POMERLEAU, R., 1980. «Flore des champignons au Québec et régions limitrophes.» La Presse, Montréal.
  • POMERLEAU, R., 1984. «Supplément à la flore des champignons au Québec.» La Presse, Montréal.
Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire