Mise à jour sur les genres de bolets au Québec

Classé dans : Taxonomie-Systématique | 6

par Roland Labbé

Historique des  modifications après publication :
  • Dernière correction : décembre 2015
  • 1 juillet 2015 : ajout d’une section sur les Hortiboletus.
  • 7 mai 2015, ajout d’une section sur les Frostiella)

Les bolets sont homologues des agarics. Ils ont une stature en parasol, étant formés d’un chapeau et d’un pied. Sous le chapeau existent, à la place des lames, des tubes qui sont soudés les uns aux autres et qui s’ouvrent aux extrémités par des pores. Ils ont une texture charnue, mais parfois un peu coriace, sauf leur couche de tubes qui est spongieuse. Chez certains genres, le pied peut être porteur d’un anneau, caractère différentiel majeur. Leur sporée est de couleur très variable, elle va de jaune jusqu’à noire, mais la majorité d’entre eux ont une sporée dans les tons de brun olive. Microscopiquement, leurs spores sont typiques. Elles sont allongées, prenant une forme fusoïde, mais avec une petite encoche juste au-dessus de la base, appelée dépression suprahilaire. On dit alors que les spores sont bolétoïdes. Quelques genres ont des spores qui s’éloignent de ce type, car elles sont arrondies, globuleuses ou ellipsoïdes. Ces champignons sont, pour la plupart, typiquement mycorhiziques. Quelques-uns sont malgré tout lignicoles ou rarement mycoparasitiques, p. ex. ceux qui poussent sur le bois ou sur d’autres champignons. Leur habitat est forestier, mais quelques-uns peuvent se rencontrer dans les écosystèmes urbains. Les bolets sont cosmopolites.

Au Québec, nous en sommes rendus à 33 genres différents et le reclassement de nos bolets n’est pas terminé. On est loin du genre unique, Boletus, ou des quelques genres plus traditionnels, tels que Boletus, Leccinum, Suillus, Tylopilus et Xerocomus, auxquels on donnait le nom français de bolet, peu importe le genre. C’est encore ainsi qu’on les nomme aujourd’hui et pourtant, les études moléculaires ont bouleversé la taxonomie des bolets. On se demande donc quelle méthode utiliser pour les présenter, la méthode traditionnelle ou phylogénétique? Comme il faut choisir, nous choisissons alors la classification moderne, résultant des dernières études phylogénétiques.

Par contre, certains caractères faciles à observer chez les bolets aident à leur identification, scabrosités, glandules et réticulation sur le pied, mycélium basal, présence d’un voile, viscosité, couleur de la face poroïde, type et taille des pores, changement de coloration aux meurtrissures, ornementation du chapeau, odeur et saveur, couleur de la sporée. Le partenaire symbiotique aide aussi énormément. De plus, certaines réactions chimiques tout comme l’observation d’éléments microscopiques font partie intégrante d’un bon processus d’identification.

Mais, avec une telle gamme de genres, comment débuter, comment ne pas créer de méandres, de culs-de-sac ? Autrement dit, comment être clair ? Une certaine clarté ! Voilà ce que tentera de faire cet exercice à propos de nos 31 genres de bolets québécois. Allons-y simplement par ordre alphabétique.

Aureoboletus

Pores et tubes jaune vif à dorés; couleur immuable lors du vieillissement et du séchage.
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GAUCHE : Aureoboletus roxanae / Bolet de Roxane; DROITE : Aureoboletus innixus Y. Lamoureux comb. prov. / Bolet incliné.
PHOTO : Renée Lebeuf

Deux espèces actuellement au Québec : A. innixus et A. roxanae, rares toutes les deux. D’autres s’y ajouteront peut-être, tel Boletus hortonii.

La première vient d’une combinaison provisoire d’Yves Lamoureux et la deuxième appartenait aux Xerocomus voilà peu de temps.

Ce qui unit les espèces de ce genre ce sont les pores et les tubes longtemps jaune vif à dorés. La coloration de ces derniers est presque immuable lors du vieillissement et du séchage. On retrouve donc ces pores et ces tubes intacts dans ces deux conditions. Leur chair est blanche à jaunâtre dans le chapeau et immuable à la coupe. Ils préfèrent pousser sous les Fagaceae ou les Pinaceae. Comestible médiocre.

Austroboletus

Pied élancé, grêle, strié et un peu côtelé à maturité; pores blancs au début,  rosés ou brun rosâtre avec l’âge; sporée brun rougeâtre; spores ponctuées.
Austroboletus gracilis / Bolet grêle PHOTO : Guy Fortin
Austroboletus gracilis / Bolet grêle
PHOTO : Guy Fortin

Une seule espèce au Québec, A. gracilis, occasionnelle.

Cette espèce se rapproche génétiquement du genre Veloporphyrellus, bien que ses spores soient très différentes. Son pied est élancé, grêle, strié et un peu côtelé à maturité. Ses pores sont blancs au début, mais deviennent rosés ou brun rosâtre avec l’âge. Sa sporée est brun rougeâtre. Elle rejoint donc ainsi d’autres genres, en particulier Porphyrellus et Tylopilus, ainsi que deux autres genres nouvellement créés, Harrya et Sutorius, que nous verrons plus loin. La morphologie sporale fait l’originalité de ce genre, les spores étant ornementées de ponctuations et semblant trouées au microscope.

Il n’est pas nécessaire d’aller jusqu’aux spores pour reconnaître cette espèce. Son port élancé, la coloration de ses pores à maturité, ses tubes déprimés près du pied et son immuabilité au froissement sont caractéristiques. Elle pousse surtout dans les hêtraies et les prucheraies. Comestible médiocre.

Baorangia

Tubes courts ne faisant que le 1/3-1/5 de la chair du chapeau à mi-rayon; pores et couche de tubes jaunes devenant immédiatement bleu clair à bleu verdâtre au froissement.
Boletus bicolor devient Baorangia bicolor
Baorangia bicolor / Bolet bicolore
PHOTO Jacques Landry

Une seule espèce au Québec, B. bicolor, occasionnelle. La variété var. subreticulatus de cette espèce a été placée en comb. prov. dans ce genre, car seul son pied réticulé la sépare du type.

Ce genre a été créé en 2015 pour les espèces qui ont un hyménophore relativement mince, soit une couche de tubes courte qui ne fait que le 1/3-1/5 de la chair du chapeau à mi-rayon du centre. Ses pores et sa couche de tubes jaunes deviennent immédiatement bleu clair à bleu verdâtre au froissement.

Ces deux caractères rejoignent ceux du genre Lanmaoa, créé aussi en 2015, qui devrait concerner une espèce au Québec, Boletus sensililis. Le bleuissement de ce dernier genre se fait plus lentement sur les pores et les tubes et la cuticule de son chapeau est structurée différemment. On rencontre B. bicolor et sa variété sous les feuillus nobles, chênes et hêtres. Bon comestible, mais parfois associé à des troubles gastriques.

Boletellus

Spores striées; chapeau tomenteux ou écailleux, souvent craquelé-aréolé à maturité; pores et tubes jaunes au début et bleuissant au froissement; pores grands et anguleux, surtout près du pied
Boletellus chrysenteroides / Bolet faux-chrysenteron PHOTO : Fernand Therrien
Boletellus chrysenteroides / Bolet faux-chrysenteron
PHOTO : Fernand Therrien

Deux espèces au Québec, B. chrysenteroides, occasionnelle, B. intermedius, rare.

Sans expérience, il est assez difficile de reconnaître ces deux espèces, car ce sont les spores qui les caractérisent le plus. Elles sont striées sur la longueur ou légèrement veinées au microscope. Par contre, leur chapeau est tomenteux ou écailleux, mais souvent craquelé-aréolé à maturité, leurs pores et tubes sont souvent jaunes au début et bleuissent également souvent au froissement. Comme leurs voisins Xerocomus et Xerocomellus, elles ont des pores grands et anguleux, surtout près du pied. Elles poussent sous les feuillus, Fagaceae surtout, et sont parfois lignicoles. Comestibilité, non recommandée.

Boletinellus

Pied excentré ou latéral; pores allongés radialement, anguleux et interveinés; sous frênes.
Boletinellus merulioides / Bolet veiné PHOTO : James Loiseau
Boletinellus merulioides / Bolet veiné
PHOTO : James Loiseau

Une seule espèce au Québec, B. merulioides, très commune.

Ce bolet est unique par deux traits particuliers, pied excentré ou latéral, court, provenant d’un sclérote et croissance avec les frênes grâce à une relation avec un parasite aphidien, un puceron. De plus, son aspect et sa couleur sont semblables à du cuir. Ses pores sont allongés radialement, anguleux et interveinés. Ils sont composés et compartimentés. On les dit grossièrement bolétinoïdes, parce qu’ils ressemblent à ceux du genre Boletinus ou d’un Merulius. Ses tubes sont très superficiels, longuement décurrents et non détachables. Le sclérote est une masse mycélienne de latence enfouie dans le sol ou en lien avec les racines, d’où émergent chaque année de nouvelles pousses. Le frêne ne fait pas de mycorhize. Les aphides parasites se nourrissent sur les racines du frêne, puis se réfugient dans le sclérote creux formé par le bolet. Ces aphides sécrètent un sucre miellé unique et d’autres nutriments dont le Bolet veiné peut se nourrir en retour. Ainsi, ce bolet a donc des traits inhabituels, soient: un pied non centré, la formation d’un sclérote et une relation avec un insecte parasite. Comestible médiocre.

Boletus s.s.

Espèces souvent robustes et charnues; pores arrondis, blancs ou presque, oblitérés au début; pied avec un fin réticulum souvent pâle sur un fond plus foncé.
Boletus chippewaensis / Cèpe d'Amérique PHOTO Herman Lambert
Boletus chippewaensis / Cèpe d’Amérique
PHOTO Herman Lambert

Au moins six espèces au Québec.

Ce genre basal a réuni tous les bolets au tout début. Tous les autres genres créés par la suite en ont été séparés grâce à des caractères particuliers. Des espèces aussi bien à pores blancs, jaunes, gris, orangés, rouges ou bruns ont longtemps fait partie du genre Boletus. Plusieurs de ces espèces sont maintenant placées dans de nouveaux genres ou le seront dans un proche avenir. Seuls les cèpes pourront conserver le nom de genre Boletus bientôt, ceux qui sont apparentés au Cèpe de Bordeaux.

Qu’arrive-t-il des vrais Boletus? Ce sont des espèces souvent robustes et charnues, leur pied étant souvent ventru ou parfois obèse au début. Elles ont de petits pores arrondis, blancs ou presque, et oblitérés au début, farcis d’un mycélium qui passe au-dessus de ces pores. Leur chair est blanche et immuable et leur mycélium basal est blanc. Une caractéristique les réunit toutes: le pied présente en partie ou en entier un fin réticulum souvent pâle sur un fond plus foncé. La sporée est brun olive sauf chez Boletus separans qui vient de réintégrer le genre et dont la sporée est ochracée. Nos six espèces poussent soit sous les feuillus nobles ou dans les forêts de feuillus ou de conifères. C’est dans ce dernier environnement que l’on trouve notre Cèpe d’Amérique ou Boletus chippewaensis. Il risque de changer de nom à son tour lorsque la génétique des cèpes québécois sera complétée. Ils sont parmi les meilleurs champignons comestibles.

Buchwaldoboletus

Cuticule piléique très épaisse, débordante à la marge; saprophyte lignicole, poussant près ou sur bois ou racines de conifères.
Buchwaldoboletus lignicola / Bolet lignicole PHOTO Renée Lebeuf
Buchwaldoboletus lignicola / Bolet lignicole
PHOTO Renée Lebeuf

Une seule espèce au Québec, B. lignicola, rare.

Ce bolet présente deux traits significatifs. Sa cuticule piléique est très épaisse et débordante à la marge et il est un saprophyte lignicole, poussant près ou sur bois ou racines de conifères. Son chapeau a un aspect et une coloration particuliers, fibrilleux-tomenteux à squamuleux-laineux et brun orangé ou brun rouille. Son pied est concolore au chapeau, souvent appointi à la base et a un mycélium basal jaune. Ses pores et tubes sont jaunes au début et bleuissent au froissement. Ce bolet est considéré comme un mycoparasite du polypore de racines des conifères, Phaeolus schweinitzii. Comestibilité, non recommandée.

Butyriboletus

Pied en partie ou en entier réticulé de jaune vers l’apex; pores oblitérés au début; pores, tubes et chair jaunes bleuissant souvent au froissement; chapeau souvent teinté de brun à rougeâtre.
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Butyriboletus brunneus / Bolet brun
PHOTO Renée Lebeuf

Une seule espèce au Québec, B. brunneus, occasionnelle, et une autre en devenir, Boletus roseopurpureus, rare.

Ces bolets ont un pied en partie ou en entier réticulé de jaune vers l’apex. Leurs pores, tubes et chair jaunes bleuissent souvent ou irrégulièrement au froissement. La chair du pied est souvent teintée de vineux à la base. Le chapeau est souvent teinté de brun à rougeâtre. Les caractères traditionnels tels que couleur du chapeau et réactions de coloration permettent donc de les reconnaître. Ils poussent sous conifères ou feuillus. Le premier est un bon comestible et la comestibilité de l’autre est inconnue.

Caloboletus

Saveur distinctement amère au frais ; chapeau pâle; pores et tubes jaunes au début, bleuissant rapidement au froissement; chair pâle bleuissant rapidement à graduellement à la coupe; pied réticulé.
Caloboletus roseipes / Bolet à pied rose PHOTO : François Lavigne
Caloboletus roseipes / Bolet à pied rose
PHOTO : François Lavigne

Deux espèces au Québec, C. inedulis, rare C. roseipes, occasionnelle.

Heureusement que ces bolets ont une saveur distinctement amère au frais, sinon ils seraient facilement confondus. Cette saveur disparaît avec l’âge, ce qui trouble leur identité. Leur chapeau est souvent pâle, blanchâtre, gris fumée, chamois argilacé et souvent teinté d’ochracé-olivacé. Les pores et les tubes sont jaunes au début, bleuissent rapidement au froissement, mais reviennent lentement à leur couleur originale. La chair est pâle et bleuit rapidement à graduellement à la coupe. Le pied peut ou non avoir un réticulum coloré. Les composés chimiques responsables de l’amertume sont des calopines et cyclocalopines. Ils poussent sous les Fagaceae ou Pinaceae. Non comestibles à cause de la forte amertume.

Chalciporus

Petite taille; pores roses, carmin, rouge cannelle terne ou rouge vineux; mycélium basal en partie ou en entier jaune brillant; saveur âcre-poivrée ou douce; pores et tubes concolores au début.
Chalciporus piperatus / Bolet poivré PHOTO : Jacqueline Labrecque
Chalciporus piperatus / Bolet poivré
PHOTO : Jacqueline Labrecque

Trois espèces au Québec, C. piperatoides, C, piperatus, C. rubinellus, rare à commune selon les espèces.

Ce genre se distingue par sa petite taille, son hyménophore rose, carmin, rouge cannelle terne ou rouge vineux, son mycélium basal en partie ou en entier jaune brillant et sa saveur âcre-poivrée ou douce. Leurs pores et leurs tubes sont concolores au début et leur sporée va de brun rouille à brun olivâtre. Ils poussent sous Fagaceae ou Pinaceae. C. piperatus est apparemment mycoparasitique et aurait une association avec son hôte présumé, Amanita muscaria. Comestible médiocre, mais pouvant servir de condiment lorsque séché et broyé pour les deux espèces âcres.

Cyanoboletus

Chapeau brun foncé;  bleuissement rapide aux meurtrissures; cuticule gélatinisée.
Cyanoboletus pulverulentus / Bolet pulvérulent <PHOTO Yves Lamoureux
Cyanoboletus pulverulentus / Bolet pulvérulent
PHOTO : Yves Lamoureux

Une seule espèce au Québec, C. pulverulentus, rare.

Ce genre se caractérise par son chapeau brun foncé, son bleuissement rapide aux meurtrissures et sa cuticule toujours gélatinisée. Ses pores sont plutôt grands et anguleux à maturité, surtout près du pied. Ses pores et tubes sont jaunes ou verts au début et son pied est parfois réticulé, Il pousse sous feuillus ou feuillus nobles. Comestibilité, non recommandée.

Frostiella

Pied élancé et grossièrement lacéré-réticulé sur toute sa longueur; chapeau fortement tomenteux devenant craquelé-aréolé avec l’âge; pores et tubes jaunes au début; pores et chair immuables
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Frostiella russellii / Bolet de Russell
PHOTO : Yves Lamoureux

Une espèce au Québec, F. russellii, rare.

Le pied élancé et grossièrement lacéré-réticulé sur toute sa longueur est le caractère clé de ce genre. Ce pied peut aussi être visqueux à la base. Son chapeau est fortement tomenteux et devient craquelé-aréolé avec l’âge. Comme les espèces du genre Boletellus dont il provient, ses pores et tubes sont jaunes au début, mais, par contre, ils sont immuables au froissement. Il a également de grands pores anguleux à maturité. Sa chair piléique est blanche à jaunâtre, immuable à la coupe, et est marbrée de lignes jaune ocré dans le pied. Comme chez Boletellus, ses spores peuvent striées sur la longueur et retenant le myxosporium se fragmentant à maturité, mais aussi verruqueuses à ruguleuses, et sa sporée est brun olive. Il pousse dans les chênaies. Comestibilité, non recommandée.

Gyroporus

Pied caverneux ou creux à maturité, cassant;  sporée jaune pâle ou chamois; revêtement du pied formé d’hyphes arrangées de façon circonférentielle.
Gyroporus cyanescens / Bolet bleuissant PHOTO : Jacqueline Labrecque
Gyroporus cyanescens / Bolet bleuissant
PHOTO : Jacqueline Labrecque

Trois espèces au Québec, G. castaneus, G. cyanescens, occasionnelles, G. purpurinus, rare.

Ces bolets ont deux caractères distinctifs, pied caverneux ou creux à maturité, cassant, et sporée jaune pâle ou chamois. Les pores sont blanchâtres au début et jaunissent avec l’âge. Les spores sont non bolétoïdes, mais bien arrondies, ovoïdes à ellipsoïdes. Ils ont aussi un trait microscopique spécial, le revêtement du pied est formé d’hyphes arrangées de façon circonférentielle. Ce qui est rare, car normalement ces hyphes sont disposées verticalement, suivant la direction du pied vers le haut. Ils poussent sous feuillus, surtout les Fagaceae. Les deux premières espèces sont des comestibles de choix.

Harrya

Pied jaune vif ou jaune chrome à la base, avec de fines scabrosités rose, rose-rouge ou brun rougeâtre; chapeau d’abord rose ou rose-rouge au frais; pores blancs puis rose vineux.
Harrya chromapes / Bolet à pied jaune vif PHOTO : Jules Cimon
Harrya chromapes / Bolet à pied jaune vif
PHOTO : Jules Cimon

Une seule espèce au Québec, H. chromapes, commune.

Ce genre a déjà été placé soit dans les Leccinum pour son pied scabreux ou dans les Tylopilus pour sa sporée rosâtre ou brun rougeâtre, selon les auteurs. Il présente des colorations qui lui sont propres. Son chapeau est d’abord rose ou rose-rouge au frais et ses pores sont blancs puis rose vineux. Mais c’est surtout son pied qui est particulier. Il est jaune vif ou jaune chrome à la base, plus haut il présente de fines scabrosités rose, rose-rouge ou brun rougeâtre, isolées ou rarement arrangées en un réticulum surélevé, et le fond est blanchâtre vers l’apex. Il a donc une physionomie typique d’un Leccinum, mais les écailles du pied ne noircissent pas avec l’âge. Il pousse surtout sous conifères ou peupliers. Bon comestible.

Hemileccinum

Pied orné de scabrosités de couleur pâle fonçant légèrement;  pores et tubes jaune clair à foncé au début et immuables.
Hemileccinum subglabripes / Bolet à pied glabrescent PHOTO : Jacqueline Labrecque
Hemileccinum subglabripes / Bolet à pied glabrescent
PHOTO : Jacqueline Labrecque

Actuellement une espèce au Québec : H. subglabripes, possiblement d’autres dans l’avenir, tel que Boletus hortonii.

Ce genre, comme Harrya, a déjà été classé soit avec les Leccinum ou les Tylopilus. Ce qui le caractérise est son pied orné de scabrosités constamment de couleur pâle ou fonçant seulement légèrement, sinon similaires à celles de Leccinum, mais moins distinctement. Ses pores et tubes sont jaune clair à foncé au début et immuables. Sa chair, par contre, est blanchâtre, jaunâtre ou jaune, parfois en partie rougeâtre ou rouge vineux au centre ou dans la partie inférieure du pied et brunâtre, orangée à brun sombre dans sa base. Elle bleuit ±, mais rarement, elle est presque immuable à la coupe. Son odeur d’iode est souvent désagréable, surtout perceptible dans la partie inférieure du pied. La cuticule du chapeau devient violette à l’ammoniaque. Il pousse surtout sous peupliers. Bon comestible.

Hortiboletus

Diffère du genre Xerocomellus par les caractères suivants : Spores lisses, non striées ni tronquées, à Q sporal moyen < 2,5;  Petites taches rouge vermillon dans la base de la chair de son pied; pousse en milieux urbains
Hortiboletus rubellus / Bolet rougeâtre
PHOTO : Renée Lebeuf

Une seule espèce au Québec, H. rubellus, occasionnelle.

Elle a déjà été placée dans le Xerocomellus par sa stature et certains autres caractères, mais en diffère par la présence souvent de petites taches rouge vermillon dans la base de la chair de son pied, ses spores lisses, non striées ni tronquées, à Q sporal moyen < 2,5, et sa pousse fréquente dans les milieux urbains, tels que parcs, jardins, parterres de fleurs, le long des sentiers et des chemins perturbés, d’où son étymologie de bolet des jardins (du latin, hortus). Comestibilité, non recommandée.

H. rubellus est une espèce européenne et il n’est pas clair qu’elle soit correctement identifiée au Québec. Trois autres taxons lui ressemblent beaucoup et sont américains : Boletus fraternus, B. subfraternus ou B. campestris (Yves Lamoureux, comm, pers.). D’ailleurs selon Index Fungorum, B. fraternus serait un synonyme de H. rubellus. Selon KuoH. rubellus est présent en Amérique (associé à l’origine à des arbres importés d’Europe) et il ressemble beaucoup à B. campestris. Ce dernier a des points orange plutôt que rouges à la base du pied. Ils auraient des pileipelis très différents. Quant à B. subfraternus, Kuo le distingue  par la grosseur, des caractéristiques des pores près du pied, la coloration sur les vieux spécimens et des caractères microscopiques.

Imleria

Chapeau visqueux à l’humidité;  chapeau et pied brun marron; pores crème à jaune pâle au début; pores, tubes et chair bleuissement au froissement.
Imleria badia / Bolet bai PHOTO : Herman Lambert
Imleria badia / Bolet bai
PHOTO : Herman Lambert

Une seule espèce au Québec, I. badia, commune.

Appartenant déjà aux Xerocomus, ce genre se distingue des autres bolets par son chapeau visqueux à l’humidité, la couleur brun marron de son chapeau et de son pied, ses pores crème à jaune pâle au début et le bleuissement au froissement ou à la coupe de ses pores, de ses tubes et de sa chair. Il pousse sous conifères ou souvent sur souches. Bon comestible

Leccinellum

Pores jaunes au début; chair noircissante; sporée brune.
Leccinellum quercophilum / Bolet des chênaies PHOTO : Renée Lebeuf
Leccinellum quercophilum / Bolet des chênaies
PHOTO : Renée Lebeuf

Une espèce critiquable au Québec, L. quercophilum, rare.

Cette espèce a été identifiée par Michael Kuo du site MushroomExpert et a été retrouvée ici par la suite. Elle est critiquable, car il lui manque un des caractères clés du genre, soit des pores jaunes au début, caractère propre à la section Luteoscabrum du genre Leccinum et convertie en Leccinellum. Sa cuticule piléique est un trichoderme. Le genre a aussi une chair noircissante et une sporée brune. L. quercophilum pousse dans les forêts de feuillus et milieux rudéraux. Bon comestible.

Ce genre sera fusionné avec Leccinum ou devra être redéfini.

Leccinum

Pied orné de scabrosités ou rugosités qui noircissent, surtout à la fin, sur fond pâle.

 

Gauche : Leccinum piceinum / Bolet des épinettes, PHOTO : Patrick Poitras
Droite : Leccinum holopus / Bolet blanc-de-neige, PHOTO : Fernand Therrien

 

Genre important au Québec, avec au moins 21 espèces.

Le pied caractérise parfaitement le genre. Bien que typiquement élancé, il est orné de scabrosités ou rugosités qui noircissent, surtout à la fin, sur fond pâle. Ses pores petits et arrondis sont blanchâtres à jaunâtres brunissant souvent au froissement ou avec l’âge. Sa chair blanchâtre ou parfois jaunâtre se décolore ou non de rosâtre, rougeâtre, brunâtre, verdâtre, bleuâtre, grisâtre, violacé ou noirâtre à la coupe. Sa sporée est brune. Sa cuticule piléique est un cutis avec transitions vers un trichoderme ou un épithéliumIl pousse sous les feuillus, surtout les Betulaceae, en milieu humide, rarement sous conifères. Bon comestible et de comestibilité presque égale pour plusieurs espèces.

 

Phylloporus

Bolets lamellés; lames (sub)décurrentes, souvent anastomosées, interveinées et facilement détachables.
Phylloporus leucomycelinus / Phyllopore à base blanche PHOTO : Herman Lambert
Phylloporus leucomycelinus / Phyllopore à base blanche
PHOTO : Herman Lambert

Trois espèces au Québec, P. boletinoides, rare, P. leucomycelinus, P. rhodoxanthus, occasionnelles.

Les phyllopores sont des bolets lamellés. Ils ont une stature de Clitocybe ou de Xerocomus. Au lieu de tubes et de pores, ils ont des lames qui ressemblent à des pores étirés, surtout près du pied, et qui sont souvent anastomosées, interveinées et facilement détachables comme la majorité des bolets le sont. Elles sont donc aussi bolétinoïdes. De plus, ces lames sont ± décurrentes, larges, assez épaisses et espacées. Elles sont typiquement jaunâtres, jaune d’or ou jaune-vert au début. Le chapeau est mat, souvent velouté à (sub)tomenteux et le tomentum et le mycélium basal sont blancs ou jaunes. Les spores apparaissent lisses en microscopie optique, mais ont une ornementation bacillaire en microscopie électroniqueIls poussent sous les Fagaceae et les pins. Bon comestible.

Porphyrellus

Espèces sombres, bleuissant et/ou rougissant puis noircissant; sporée très foncée.
Porphyrellus porphyrosporus / Bolet porphyre PHOTO : Jacques Landry
Porphyrellus porphyrosporus / Bolet porphyre
PHOTO : Jacques Landry

Une seule espèce au Québec, P. porphyrosporus, rare.

Ce genre comprend surtout des espèces dont les colorations sont sombres, le bleuissement et/ou le rougissement sont suivis d’un noircissement, la sporée est très foncée. Ces espèces tachent souvent de bleu le papier ciré durant le transport ou la conservation. Le chapeau est légèrement velouté-tomenteux. Les pores bleuissent et/ou rougissent puis noircissent au froissement. La chair blanchâtre rougit par endroits et bleuit au-dessus de la couche de tubes à la coupe. La sporée est brun rougeâtre, allant de brun foncé à presque noire. Elles poussent sous Fagaceae ou Pinaceae. Comestibilité, non recommandée.

Pseudoboletus

Parasite d’une fausse vesse-de-loup, Scleroderma citrinum.

Pseudoboletus parasiticus / Bolet parasite PHOTO : Raymond McNeil
Pseudoboletus parasiticus / Bolet parasite
PHOTO : Raymond McNeil

Une seule espèce au Québec, P. parasiticus, rare.

Ce bolet est instantanément reconnaissable, car il est toujours parasite d’une fausse vesse-de-loup, Scleroderma citrinum, rarement d’autres Scleroderma. Il ne peut vivre hors du scléroderme et est attaché à son hôte au niveau des cordons mycéliens de sa partie basale durant une certaine durée de vie. Sa stature ressemble à un Xerocomus, genre auquel il était rattaché avant. Son chapeau est subtomenteux, parfois craquelé-aréolé et ses pores sont jaunes au début, modérément grands et anguleux, surtout près du pied. Il pousse dans les forêts de feuillus ou de conifères et est considéré comme un mycoparasite. Comestible médiocre. P. astraeicola est un autre bolet exotique et parasite d’une étoile de terre, Astraeus hygrometricus.

Pulveroboletus

Voile partiel jaune soufre brillant, laissant un anneau ou une zone annuliforme sur le pied ou des restes appendiculés à la marge du chapeau.
Pulveroboletus ravenelii / Bolet de Ravenel PHOTO : Raymond McNeil
Pulveroboletus ravenelii / Bolet de Ravenel
PHOTO : Raymond McNeil

Une seule espèce au Québec, P. ravenelii, rare.

C’est le seul bolet qui a un voile partiel péronnant, membraneux et pulvérulent, jaune soufre brillant, laissant un anneau ou une zone annuliforme sur le pied ou des restes appendiculés à la marge du chapeau. Ce dernier est lisse à poudreux au début, jaune soufre brillant et devenant souvent brun rougeâtre depuis le centre. Ses pores et couche de tubes sont jaunes au début et bleuissent au froissement. Son pied est souvent radicant. Il pousse dans les forêts mixtes, souvent à la base des souches. Comestibilité, non recommandée.

Retiboletus

Pied entièrement et grossièrement réticulé de foncé avec l’âge.
Retiboletus ornatipes / Bolet à pied orné PHOTO : Renée Lebeuf
Retiboletus ornatipes / Bolet à pied orné
PHOTO : Renée Lebeuf

Deux espèces au Québec, R. griseus, rare, R. ornatipes, occasionnelle.

Ces bolets sont remarquables par leur pied entièrement et grossièrement réticulé foncé avec l’âge. Le chapeau subtomenteux varie dans les tons de jaune, brun-vert, brun foncé, gris à brun-gris. Ses pores sont blanchâtres, jaunes ou grisâtres au début, sa chair est blanchâtre, jaune à jaune vif au début et sa saveur souvent amère. Un pigment unique, retipolides, est responsable de la saveur amère et de la couleur jaune intense dans certaines parties du bolet, dont la chair. La présence de ce pigment jaune permet de séparer les deux espèces, sinon, ils ont presque le même aspect à post-maturité. Ils poussent sous Fagaceae. Comestible pour le premier et bon comestible pour le second.

Rubroboletus

Chapeau rouge grisâtre, rouge vif à rouge foncé; pores rouge orangé à rouge sang; tubes jaunes, pied réticulé de rose à rouge sur fond jaune; bleuissement rapide des pores, des tubes et de la chair aux meurtrissures; hyphes de la chair non amyloïdes.
Rubroboletus rhodosanguineus / Bolet rouge sang PHOTO : Yves Lamoureux
Rubroboletus rhodosanguineus / Bolet rouge sang
PHOTO : Yves Lamoureux

Une seule espèce au Québec, R. rhodosanguineus, rare.

Ce genre se caractérise par son chapeau rouge grisâtre, rouge vif à rouge foncé, son hyménophore surtout rouge orangé à rouge sang, sa couche de tubes jaunes, son pied réticulé de rose à rouge sur fond jaune, le bleuissement rapide de ses pores, ses tubes et de sa chair aux meurtrissures et les hyphes de sa chair non amyloïdes. Les tubes finissent aussi par noircir au froissement, mais reviennent lentement à la couleur originale. Il pousse sous conifères ou feuillus. Non comestible.

Certaines espèces de la section Luridi du genre Boletus ont déjà été combinées avec deux autres genres existant au Québec, Caloboletus et Suillellus. Ils peuvent, cependant, se distinguer de Rubroboletus par certains de leurs caractères morphologiques.

Caloboletus présente aussi un changement de couleur vers le bleuâtre et a un pied réticulé, mais est unique par sa saveur amère et son hyménophore jaune.

Suillellus partage avec lui un hyménophore rouge sang et un changement de couleur vers le bleuâtre, mais son chapeau est brun jaunâtre à brun foncé, son pied présente un réticulum jaune à brun et les hyphes de sa chair sont fortement amyloïdes.

Strobilomyces

Chapeau couvert d’écailles ± grosses, laineuses ou fibrilleuses et noirâtres sur fond blanchâtre à grisâtre; pores et chair rougissants puis noircissants aux meurtrissures; voile partiel péronnant, pelucheux ou membraneux, laissant un anneau ou une zone annuliforme fugace sur le pied.
Strobilomyces sp. PHOTO : Jacques Landry
Strobilomyces sp. / Bolet pomme de pin
PHOTO : Jacques Landry

Une espèce, nommée actuellement S. strobilaceus, occasionnelle, et une autre possible, S. confusus.

L’épithète spécifique de la première espèce est mal appliquée en Amérique du Nord, car S. strobilaceus est une entité européenne. La deuxième espèce, S. confusus, reste à être confirmée par l’étude des spores pour être séparée de la première. [note ajoutée en décembre 2015 : S. strobilaceus a été remplacé par S. floccopus ss. auct. amer. dans l’Index Mycoquébec. Voir le lien suivant.]

Le genre demeure facile à identifier, car presque tous les caractères décrits sont propres au genre. Les spécimens sont coriaces et noircissent. Le chapeau est couvert d’écailles ± grosses, laineuses ou fibrilleuses et noirâtres sur fond blanchâtre à grisâtre. Les pores et la chair rougissent puis noircissent au froissement ou à la coupe. Les pores sont grands, arrondis ou anguleux. Le voile partiel est péronnant, pelucheux ou membraneux, laissant un anneau ou une zone annuliforme fugace sur le pied. La sporée est noirâtre. Les spores sont (sub)globuleuses, épineuses ou grossièrement crêtées, réticulées ou non. Ils poussent sous Fagaceae. Comestible médiocre.

Suillellus

Chapeau brun jaunâtre à brun foncé; pores rouges; pied réticulé de jaune à brun; chair rouge betterave dans la base du pied; hyphes de la chair fortement amyloïdes.
Suillellus luridus / Bolet blafard PHOTO : Gwenaël Cartier
Suillellus luridus / Bolet blafard
PHOTO : Gwenaël Cartier

Une espèce au Québec, S. luridus, rare.

D’abord, la chair de ce bolet est épaisse, très ferme, blanche à jaune, mais rouge betterave dans la base du pied. Son chapeau est brun jaunâtre à brun foncé. Ses pores sont petits, oblitérés et rouge orangé à rouge sang au début. Le pied est ferme, réticulé, de jaune à brun. Un changement de couleur vers le bleuâtre se produit pour son chapeau, ses pores et sa chair. Les hyphes de sa chair sont fortement amyloïdes. Il pousse sous les feuillus nobles. Toxique.

Voir la comparaison avec Caloboletus et Rubroboletus sous Rubroboletus.

Suillus

Genre hétérogène; chapeau souvent visqueux-glutineux, parfois sec et distinctement feutré ou fibrilleux-squamuleux; pied glanduleux ou non à maturité; voile partiel présent ou non.
Suillus grevillei / Bolet élégant PHOTO : Gaétan Lefebvre
Suillus grevillei / Bolet élégant
PHOTO : Gaétan Lefebvre

Genre important au Québec, hétérogène, au moins 23 espèces.

Puisque les anciens genres Boletinus et Fuscoboletinus sont devenus des Suillus, ce dernier genre est maintenant plus difficile à synthétiser, ce qui exige un plus grand ensemble de caractères.

Le chapeau est souvent visqueux-glutineux, parfois sec et alors distinctement feutré ou fibrilleux-squamuleux. Sa cuticule piléique est facilement détachable ou non. Les pores sont de forme et de taille variables, petits à grands, arrondis ou polygonaux, parfois irréguliers ou subdivisés, brillamment colorés ou sombres, exsudant souvent des gouttelettes. Le pied est glanduleux ou non à maturité. Le voile partiel est présent ou non; lorsque présent il laisse un anneau ou une zone annuliforme membraneuse, cotonneuse ou visqueuse sur le pied ou des restes appendiculés à la marge piléique. La chair est molle. La sporée variable, allant de jaune olivacé à pourpre-vineux. Il pousse surtout sous Pinaceae, rarement dans les chênaies ou sous bouleaux. Comestible ou non, enlever la cuticule laxative

Les espèces sans glandules, avec voile partiel et à couche de tubes plutôt difficilement détachable ont déjà été placées dans le genre Boletinus. Celles sans glandules, avec voile partiel, à couche de tubes détachable et à sporée foncée, chocolatée, brun rouille à pourpre- vineux ont déjà été placées dans le genre Fuscoboletinus.

Sutorius

Pied avec fissures transverses devenant de fines squames distinctement foncées, pourprées à brun-gris sur fond violacé; sporée brun rougeâtre.
Sutorius eximius / Bolet singulier PHOTO : Jules Cimon
Sutorius eximius / Bolet singulier
PHOTO : Jules Cimon

Une seule espèce au Québec, S. eximius, occasionnelle.

Le caractère clé de ce genre est le pied qui présente des fissures transverses qui deviennent de fines squames distinctement foncées, pourprées à brun-gris sur fond violacé. Le chapeau est finement velouté au début, souvent irrégulièrement alvéolé, foncé, brun, brun violacé ou brun pourpré. Les pores sont petits et arrondis, brun foncé au début, brunissant au froissement. La sporée est brun rougeâtre. Il pousse surtout dans les chênaies ou sapinières à bouleaux. Toxique.

Sutorius fait partie des quelques genres à sporée rosâtre ou brun rosâtre qui proviennent soit de Leccinum ou de Tylopilus, comme Austroboletus, Harrya, Porphyrellus.

Le genre Leccinum a des scabrosités sur le pied qui noircissent surtout à la fin, sur fond pâle, ce qui est contraire à Sutorius.

Tylopilus

Pores souvent blancs au début, puis rose, jaunes, bruns, gris à noirs avec l’âge, brunissant au froissement, mais ne bleuissant pas; pied réticulé ou non, surtout vers l’apex; sporée rosâtre, brun rosâtre ou brun rougeâtre.
Tylopilus felleus / Bolet amer PHOTO : Herman Lambert
Tylopilus felleus / Bolet amer
PHOTO : Herman Lambert

Genre moyen au Québec, hétérogène, actuellement huit espèces.

Les vraies espèces de ce genre gravitent autour de T. felleus, le Bolet amer. Certaines espèces, encore dans le genre, n’en font pas partie au sens strict à cause du manque de données morphologiques ou moléculaires nécessaires pour qu’elles puissent être placées dans d’autres genres ou dans des genres nouveaux, tels que T. badiceps et T. ferrugineus.

En attendant que les études soient complétées, le concept morphologique traditionnel du genre est établi ainsi : pores souvent blancs au début, puis rose, jaunes, bruns, gris à noirs avec l’âge, brunissant au froissement, mais ne bleuissant pas, pied réticulé ou non, surtout vers l’apex, sporée rosâtre, brun rosâtre ou brun rougeâtre.

Le chapeau est glabre, subtomenteux à feutré, de coloration très variable. La saveur très amère chez certaines espèces et douce ou acidulée chez d’autres. Ils poussent sous feuillus et conifères, surtout les Betulaceae, Fagaceae et Pinaceae. Non comestible ou immangeable.

Xanthoconium

Pores blancs au début, puis jaune brunâtre à ochracés avec l’âge, ne bleuissant pas au froissement; sporée sans teinte olivâtre; chapeau finement velouté, parfois craquelé-aréolé, souvent avec de petites taches blanchâtres à jaunes; chair est blanche et immuable.
Xanthoconium affine / Bolet affine PHOTO : Raymond McNeil
Xanthoconium affine / Bolet affine
PHOTO : Raymond McNeil

Une seule espèce au Québec, X, affine, occasionnelle.

Deux caractères principaux délimitent ce genre : pores blancs au début, puis jaune brunâtre à ochracés avec l’âge, ne bleuissant pas au froissement et, sporée brillante, jaune brunâtre ou ocre brunâtre, sans teinte olivâtre. Son chapeau est finement velouté, parfois craquelé-aréolé, et présente souvent de petites taches blanchâtres à jaunes. Sa chair est blanche et immuable. Il pousse sous les Fagaceae. Comestible de choix.

Xerocomellus

Chapeau graduellement craquelé devenant entièrement aréolé-rimeux ou au moins le long de la marge; pores relativement grands et anguleux à maturité, jaune clair à foncé au début; chair à la base du pied moins ferme que chez Xerocomus; cuticule piléique en palissadoderme lorsque jeune.
Xerocomellus chrysenteron / Bolet à chair jaune PHOTO : Jacqueline Labrecque
Xerocomellus chrysenteron / Bolet à chair jaune
PHOTO : Jacqueline Labrecque

Une seule espèce au Québec, X. chrysenteron, occasionnelle.

La stature et les caractères généraux de ce genre sont ceux du genre Xerocomus. Un caractère microscopique est des plus typiques à ce genre et ne se retrouve dans aucun autre genre de bolets. Sa cuticule piléique est en palissadoderme, c’est-à-dire que ce type de cuticule, lorsque jeune, est formé uniquement d’hyphes dressées, régulières ou presque, non ou modérément renflées. À cause de cette structure, le chapeau craquèle graduellement et devient entièrement aréolé-rimeux ou au moins le long de la marge, exposant la chair pâle entre les craquelures. Les pores sont relativement grands et anguleux à maturité, jaune clair à foncé au début. La chair n’est pas aussi ferme à la base du pied que chez Xerocomus. Les pores, tubes et la chair bleuissent souvent aux meurtrissures. Les spores sont lisses ou striées sur la longueur, mais sans ornementation bacillaire en microscopie électronique. Il pousse sous feuillus ou dans les forêts mixtes. Comestibilité, non recommandée.

Xerocomus

Pores relativement grands et anguleux à maturité, jaunes à jaune ochracé au début; chair ferme à la base du pied; cuticule piléique en trichoderme lorsque jeune.
Xerocomus subtomentosus s. l. / Bolet subtomenteux PHOTO : Patrick Poitras
Xerocomus subtomentosus s. l. / Bolet subtomenteux
PHOTO : Patrick Poitras

Genre hétérogène au Québec, au moins trois ou quatre espèces.

Les vraies espèces de ce genre gravitent autour de X. subtomentosus, le Bolet subtomenteux.

Le chapeau est mat, fibrilleux, subtomenteux, velouté, granuleux ou ± crevassé avec l’âge. Les pores sont relativement grands et anguleux à maturité, surtout près du pied, jaunes à jaune ochracé au début. La chair est généralement ferme à la base du pied et la cuticule piléique est en trichoderme lorsque jeune, contrairement à XerocomellusLes spores apparaissent lisses en microscopie optique, mais ont une ornementation bacillaire en microscopie électroniqueIl pousse sous les feuillus ou les conifères, sans trop de spécialisation d’hôte ni de substrat. Comestible médiocre.

Ce genre a toujours été difficile à circonscrire, car certains des caractères d’identification sont peu fiables, mais semblent avoir finalement fait l’unanimité.

Certaines espèces sont maintenant classées chez Imleria, Pseudoboletus et Xerocomellus.

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Suite à cette synthèse des genres de bolets actuellement présents sur le site Mycoquébec, nous prenons conscience de leur diversité et du profond changement qui a eu lieu au cours des dernières années. De là toute l’importance de revisiter continuellement ces genres pour assurer leur mise à jour. D’autres genres seront bientôt créés, comme Lanmaoa et Neoboletus, ce qui entrainera d’autres changements, surtout qu’il reste encore de fausses espèces du genre Boletus, des espèces du genre Tylopilus à redécouper et certaines espèces dont le statut est encore à préciser, p. ex. les genres Boletellus, Butyroboletus, Hemileccinum, Leccinellum et Strobilomyces.

Je remercie sincèrement Guy Fortin et Johanne Paquin pour la révision de ce texte et d’y avoir apporté des modifications qui permettent une meilleure compréhension. Je remercie également Renée Lebeuf, Guy Fortin, Fernand Therrien, Raymond McNeil, Yves Lamoureux, Herman Lambert, Patrick Poitras, Jacqueline Labrecque, Jules Cimon, Gaétan Lefebvre, Jacques Landry, François Lavigne, James Loiseau et Gwenaël Cartier qui ont généreusement accepté que leurs photos soient utilisées.

Toutes les références sont les mêmes que celles citées sur le blogue « Les bolets de la famille Boletaceae au Québec » de  Jacques Landry, mars 2015.

Illustration et mise en page : Jacques Landry.

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6 Responses

  1. Jacqueline Labrecque

    Super! Merci et félicitations pour ce magnifique document!

  2. Marc-Olivier Labrecque

    Quel beau travail! C’est bien vulgarisé, bien décrit, en mots comme en images. Il va falloir se faire la main et l’œil toutefois pour bien intégrer tout ça. De plus, je trouve que cela apporte un certain souffle d’exploration dans tout ce que l’on nommait bolet. Les espèces apparaissent tout d’un coup un peu plus spéciale, unique.

    Merci!

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