Les cortinaires, le sous-genre Telemonia

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par Herman Lambert

Voici le cinquième et dernier article d’une série préparée par Herman Lambert sur le sujet difficile des Cortinarius. Ces articles mis à jour pour le blogue ont été publiés entre mai 2014 et juillet 2015 dans la revue LE BOLETIN du Cercle des mycologues amateurs du Québec.

Les cortinairesLE BOLETIN, Vol. 61 No 2 Mai 2014 –> Le blogue Mycoquébec, 16 octobre 2015
Les cortinaires, le sous-genre Cortinarius. LE BOLETIN, Vol. 61 No 3 Juillet 2014 –> Le blogue Mycoquébec, 3 novembre 2015
Les cortinaires, le sous-genre Phlegmacium. LE BOLETIN, Vol. 62 No 1 Jamvier 2015 –> Le blogue Mycoquébec, 6 décembre 2015 
Les cortinaires, le sous-genre Myxacium. LE BOLETIN, Vol. 61 No 4 Novembre 2014 –> Le blogue Mycoquébec,  14 janvier 2016
Les cortinaires, le sous-genre Telamonia. LE BOLETIN, Vol. 62 No 3 Juillet 2015

Caractéristiques du sous-genre Telamonia

Un peu comme le genre Boletus pour les bolets, qui se définit par l’absence des caractères distinctifs des autres genres de bolet, le sous-genre Telamonia des cortinaires se définit très bien par l’absence des caractères distinctifs des autres sous-genres. On peut ainsi généraliser le sous-genre Telamonia : ce sont des cortinaires ne présentant aucune partie de couleur vive (tel chez le sous-genre Cortinarius) et ils ne sont pas visqueux (sous-genres Myxacium et Phlegmacium). Leur taille est très variable, le chapeau peut avoir un diamètre de 0,5 à 15 cm selon l’espèce. Le port du basidiome est ainsi très différent : les petites espèces peuvent être confondues avec les galérines mais ces dernières n’ont pas de cortine; les espèces de dimension petite à moyenne ressemblent parfois à un inocybe ou un hébélome, deux genres qui ont parfois une cortine. Les basidiomes de ce sous-genre peuvent être blanchâtres à brun foncé avec des teintes parfois dominantes de lilas, de violet, de rose et quelquefois verdâtres. Ce sont donc des cortinaires dont le revêtement du chapeau et du pied est sec, glabre à squamuleux ou écailleux. Il peut être hygrophane et de couleur très variable selon leur degré d’humidité. La plupart perdent leur coloration et deviennent brunâtre en vieillissant et en séchant. La couleur provenant de pigments est visible chez les jeunes individus et disparaît assez rapidement car ces pigments s’oxydent à l’air et deviennent bruns. Il est donc primordial d’observer la couleur des jeunes spécimens dès la récolte et de noter le changement de couleur durant leur déshydration si on veut en faire l’identification. Le pied est habituellement cylindrique, parfois clavé ou atténué à la base. Le voile général peut être blanc ou coloré, laissant, selon sa texture et son abondance, des plaques membraneuses, des guirlandes plus ou moins complètes, des écailles ou des fibrilles sur le chapeau et le pied, ceci constituant aussi un caractère important pour l’identification. La chair a une odeur variable qui peut être nulle, raphanoïde, terreuse, de cèdre, florale, de pomme de terre, etc. L’exsiccata est blanc, brun ou noir, c’est aussi un caractère pouvant aider l’identification.

 

Au microscope, les spores sont fusiformes à subglobulaires, jamais citriformes. L’arête lamellaire a des cellules clavées ou basidioformes. De vrais cheilocystides sont rarement observées. Les spores sont dextrinoïdes et le degré de réaction au Melzer est un caractère utile car souvent distinctif.

 

Le sous-genre Telamonia est le sous-genre de cortinaire le plus abondant au Québec comme ailleurs en Amérique et en Europe. Plus de la moitié des cortinaires sont dans ce sous-genre. Leur classification est très ardue et incomplète à ce jour. Tuula Niskanen, une experte mondiale des cortinaires, et ses collaborateurs utilisent une clé contenant 78 articles pour séparer ce sous-genre en 18 sections (1).  Les clés de ces sections couvrent des dizaines de pages pour arriver à l’espèce. Connaître et identifier toutes les espèces de ce sous-genre au Québec est actuellement impossible. Il faut attendre le jour ou un mycologue passionné et talentueux consacrera plusieurs années d’étude microscopique et génétique pour avoir des outils d’identification fiable. Vous avez ici-bas la liste et une description de ces 18 sections selon Funga Nordica (1). Ces sections regroupent parfois un ensemble de sections établis dans d’autres classements européens. Un ou quelques cortinaires de ces sections sont brièvement commentés.

 

Section A : Armillati  M.M. Moser

Basidiome charnu; chapeau 4-11 cm de diamètre, avec fibrilles innées, stries hygrophanes; voile universel brun jaunâtre, rosâtre, rouge à rouge vineux; odeur non distinctive ou légèrement raphanoïde; exsiccata du chapeau brun rouge assez foncé à brun grisâtre, du pied grisâtre; voile universel souvent visible sur le pied, mycélium blanc ou rosâtre; avec pigments anthraquinoniques; spores subglobuleuses à ellipsoïdes.

Il y a présentement 2 espèces observées de cette section au Québec : C. armillatus et C. paragaudis. Selon Niskanen et al (3), C. luteo-ornatus peut aussi être présent au Québec.

Cortinarius armillatus, le cortinaire à bracelets, est un des premiers cortinaires à apparaître sous les bouleaux en milieu humide. Il est très commun. C’est un cortinaire de grosseur moyenne facilement reconnaissable par son chapeau hémisphérique à convexe puis étalé mamelonné de teinte orange brunâtre et son abondant voile général laissant 2-3 bandelettes orange rougeâtre sur le pied blanchâtre souvent subbulbeux et garni d’un mycélium blanc à la base. C. paragaudis est très semblable mais possède un voile général rouge brunâtre plus terne, des spores plus petites et a comme hôte les épinettes. C. luteo-ornatus se retrouve aussi sous épinettes dans de la mousse épaisse et souvent en groupe. Il diffère par son voile général rosâtre à rouge vineux, son chapeau rouge-brun presque aplani à maturité et surtout par ses spores de longueurs intermédiaires à C. armillatus et C. paragaudis mais plus larges.

 

Cortinarius armillatus Cortinaire à bracelets
Cortinarius armillatus / Cortinaire à bracelets. PHOTO : Herman Lambert

 

 

Section B : Brunneotincti M.M. Moser

Basidiome souvent avec teinte olivâtre; chapeau habituellement (2,5-)4-8 cm de diamètre, avec fibrilles innées foncées ou soyeuses, avec stries ou zones hygrophanes foncées; voile universel rouge vineux, jaune, brun jaunâtre, brun olivacé ou brun; odeur souvent raphanoïde; spores obovoïdes, ellipsoïdes ou subglobuleuses.

Deux espèces sont retrouvées au Québec : C. raphanoides (syn. C. betulorum) et C. valgus. Ces espèces sont peu fréquentes.

 

Section C : Anomali Konrad & Maulb

Basidiome petit à moyen; lames crème à bleu-gris; pied blanc à bleuté; voile général ± développé, laissant toujours au moins des fibrilles ou une à plusieurs bandelettes sur le pied; chair blanche à bleu-violet; spores subglobuleuses.

Six espèces au Québec se trouvent dans cette section : C. anomalus, C. azureus, C. bolaris, C. caninus, C. lepidopus et C. spimoleus.

D’apparence unique pour un cortinaire, le cortinaire rouge brique, C. bolaris, a un basidiome dont le chapeau et le pied sont rapidement recouverts de fibrilles et d’écailles rouge brique sur un fond blanchâtre à jaunâtre dû à la chair blanchâtre jaunissant avec l’âge. Phénomène particulier, son voile universel est d’abord blanchâtre et devient rouge brique au contact de l’air, ainsi un basidiome recouvert par les feuilles à l’automne sera blanc. Il n’a pas de préférence comme hôte, on le trouve dans les forêts mixtes avec pruches, sapins, hêtres, bouleaux, etc.

 

Cortinarius bolaris / Cortinaire rouge brique. PHOTO : Herman Lambert
Cortinarius bolaris / Cortinaire rouge brique. PHOTO : Herman Lambert

 

Section D : Pholidei Melot et Fuscoperonati Liimat & Niskanen

Petit basidiome élancé; chapeau 3-8 cm, sec à sub-hygrophane, brunâtre; voile général abondant brun sans teinte jaune ou olivatre.

Deux espèces au Québec : C. subtigrinus et C. pholideus.

C. pholideus, le cortinaire écailleux, est très facile à reconnaître. Son voile général abondant brun assez foncé laissant des bandelettes et guirlandes sur le pied et son chapeau de même couleur très méchuleux-écailleux sont très distinctifs. On le trouve dans les sapinières à bouleaux.

 

Cortinarius pholideus / Cortinaire écailleux. PHOTO : Herman Lambert
Cortinarius pholideus / Cortinaire écailleux. PHOTO : Herman Lambert

 

 

Section E : Brunnei Melot, Cinnabarini Melot, Colymbadini Melot, Disjungendi Kytöv, Liimat & Niskanen, et Uracei Melot

Chapeau brun foncé, parfois brun jaunâtre à rougeâtre ou rouge cinabre, quelquefois avec des reflets métalliques, fortement hygrophane ou avec stries hygrophanes; exsiccata habituellement brun foncé à noirâtre.

Il existe au moins 10 espèces de cortinaires au Québec dans cette section : C. brunneus, C. clarobrunneus, C. disjungendus, C. furvolaesus, C. gentilis, C. glandicolor, C. grosmorneensis, C. irregularis, C. rheubarbarinus, et C. uraceus.

Le cortinaire brun, C. brunneus, est très commun dans les forêts de sapins au Québec. De forme variable, il est tout de même difficile à reconnaître car il peut être confondu avec les cortinaires qui deviennent brun à maturité. De taille moyenne, son chapeau souvent mamelonné ± fibrilleux subhygrophane brun foncé à brun roux au sec, ses lames larges et espacées brun pourpre au début, et son pied brun pâle avec une zone annuliforme blanchâtre aident à le reconnaître.

 

Cortinarius brunneus/ Cortinaire brun. PHOTO : Raymon Boyer
Cortinarius brunneus / Cortinaire brun. PHOTO : Raymond Boyer

 

Section F : Bovini Melot, Illumini Liimat., Niskanen & Kytöv, Saturnini, Moenne-Locc. & Reumaux, Sciophylli (Moënne-Locc. & Reumaux), Liimat. & Niskanen, Subbalaustini Liimat., Niskanen & Kytöv, et Sordescentes Melot

Chapeau ± brun, souvent foncé; voile universel blanc, blanc grisâtre ou brunâtre; odeur nulle, raphanoïde ou agréable; exsiccata du chapeau souvent brun foncé.

Au Québec, au moins 9 espèces sont regroupés dans cette section : C. brunneocalcarius, C. cf. privignus, C. illuminus, C. leicastaneus, C. lucorum, C. saturninus, C. sordescens, C. squamulosus, et C. subbalaustinus. Ce sont tous des cortinaires peu fréquents au Québec.

 

Section G : Telamonia (Fr.) Gillot & Lucand et Camphorati Liimat. & Niskanen

Basidiome souvent charnu, ± avec teinte bleuâtre; chapeau habituellement (4-)5-11 cm de diamètre; voile universel souvent abondant, blanchâtre, jaunâtre, brun grisâtre ou bleuâtre; plusieurs espèces ont une odeur fruitée comme C. traganus.

Des 8 espèces décrites au Québec (C. camphoratus, C. rusticus, C. ionophyllus, C. torvus, C. nauseosus Y. Lamoureux nom prov., C traganus, C. pulchrifolius, C. venustus), deux espèces odorantes sont très communes : le cortinaire puant (C. camphoratus) et le cortinaire à odeur de poire (C. traganus). À première vue, ils sont très semblables. Ils sont tous deux d’abord assez trapus avec un petit chapeau sec et un pied clavé à un peu bulbeux complètement recouvert de leur voile général abondant de couleur lilas. Leur chair est de couleur et odeur différente permettant de les distinguer sans équivoque : le cortinaire puant a une chair violacée et une odeur désagréable, le cortinaire à odeur de poire a une chair brun marbré et une odeur fruitée caractéristique. À maturité, ils sont complètement bruns.

 

 

Gauche : Cortinarius traganus / Cortinaire à odeur de poire. Droite : Cortinarius camphoratus / Cortinaire puant. PHOTO : Jules Cimon
Gauche : Cortinarius traganus / Cortinaire à odeur de poire, chair brun marbré et odeur fruitée. Droite : Cortinarius camphoratus / Cortinaire puant, chair violacée et odeur désagréable. PHOTO : Jules Cimon

 

Section H : Malachi Melot

Basidiome charnu; chapeau 4-9 cm de diamètre, avec fibrilles innées ou finement écailleux, subhygrophane; exsiccata du chapeau souvent brun-gris assez foncé.

Deux espèces peu fréquentes: C. malachius et C. suberi.

 

Section I : Balaustini Moënne-Locc. & Reumaux, Lanigeri Melot, et Niveoglobosi Kutöv Liimat. & Niskanen

Basidiome souvent charnu, habituellement sans teinte bleuâtre; chapeau (3-)5-11(-13) cm diam., blanc, brun jaune vif ou rouge brique foncé, hygrophane ou non; voile universel blanc ou crème, rarement bleuâtre; odeur non distinctive ou légèrement raphanoïde.

C. alboglobosus, C. alborufescens, C. balaustinus, C. bivelus, C. impennis, C. laniger, C. lanigeroides, et C. subferrugineus sont les 8 espèces de cette section au Québec.

C. laniger, le cortinaire laineux, est un cortinaire de grande taille le plus commun de cette section dans la région de Québec. Son chapeau brun orangé globuleux avec parfois un mamelon est copieusement orné de fibrilles blanchâtre y donnant sa texture fibrilleuse-laineuse. Ses lames sont d’abord de couleur safran puis brun orangé. Son pied clavé à bulbeux est brun grisâtre et orné d’une à plusieurs bandelettes fibrilleuses blanchâtres provenant du voile général. On le trouve dans les forêts de conifères.

 

Cortinarius laniger / Cortinaire laineux. PHOTO : Fernand Therrien,
Cortinarius laniger / Cortinaire laineux. PHOTO : Fernand Therrien,

 

 

Section J : Bicolores (M.M. Moser) Melot et Duracini Melot

Basidiome souvent avec teinte violacé; chapeau (2,5-)4-8(-9) cm de diamètre, fortement hygrophane, brun jaunâtre à brun chocolat; pied radicant ou cylindrique; voile universel blanc; odeur soit nulle, de bois de cèdre, raphanoïde ou de céleri; spores souvent fusiformes.

Des 4 espèces présentes au Québec dans cette section, C. cagei, C. duracinus et C. tortuosus, C. evernius (le cortinaire humide) est le plus commun. C’est un grand cortinaire élancé que l’on trouve dans les forêts de conifères en milieux humides souvent près ou parmi la sphaigne. Son chapeau de 4 à 8 cm de diamètre est hygrophane, glabre, de teinte brun pourpré à violacé palissant et perdant sa teinte violacée en séchant. Son pied élancé de couleur violet pâle est souvent irrégulier, torsadé, bosselé et orné du voile général abondant parfois disposé en bandelettes contrastant avec la couleur du pied.

Cortinarius evernius / Cortinaire humide. PHOTO : Herman Lambert
Cortinarius evernius / Cortinaire humide. PHOTO : Herman Lambert

 

Section K : Obtusi Melot et Acetosi (Moënne-Locc. & Reumaux) Niskanen, Liimat. & Kytöv

Basidiome sans teinte bleuâtre; chapeau brun jaune à brun foncé, fortement hygrophane; pied cylindrique ou radicant, blanchâtre au moins lorsque jeune; voile universel blanc, quelquefois très épars; odeur iodoforme à la base du pied, plus intense en séchant.

Au Québec, on trouve dans cette section trois petits cortinaires qui peuvent être confondus avec les galérines.

  • C. acutus est complètement brun pâle, son chapeau est hygrophane, de forme conique-papillé avec une texture tomenteuse à squamuleuse surtout à la marge striée par transparence si imbue. Ses lames sont très espacées avec une arête très dentelée, stérile, couverte de grands poils sphérodonculés. Son pied souvent courbe est orné de fibrilles blanchâtres visibles surtout lorsque jeune. On le trouve dans les marécages, aux bordures de ruisseau, ou sur des plaques de feuilles mortes au sol. Il est mycorhizique avec les conifères.
  • C. obtusus diffère par son chapeau très hygrophane brun chaud si imbu puis brun-jaune à beige au sec, à mamelon non pointu, ses lames moins espacées et possédant une odeur distincte iodée plus forte en séchant. On le trouve dans les forêts mixtes de conifères avec bouleaux.
  • C. subrigens est plus costaud, beaucoup moins fréquent et associé aux chênes.

 

Cortinarius acutus / Cortinaire aigu. PHOTO : Herman Lambre
Cortinarius acutus / Cortinaire aigu. PHOTO : Herman Lambert

 

Cortinarius obtusus PHOTO : Jacqueline Labrecque
Cortinarius obtusus / Cortinaire obtus. PHOTO : Jacqueline Labrecque

 

 

Section L : Firmiores (Fr.) Henn (Armeniaci (M.M. Moser) Melot), Urbici Liimat., Niskanen & Kytöv et Boulderenses Liimat., Niskanen & Kytöv

Chapeau 4-9 cm de diamètre, souvent viscidule-collant lorsque humide, fortement hygrophane ou avec stries hygrophanes, lisses; chair du pied souvent très pâle, blanc grisâtre, blanc brunâtre à brun grisâtre pâle; voile universel blanc ou rouge vif; odeur nulle, chez quelques espèces légèrement fruitée ou raphanoïde; exsiccata du chapeau brunâtre ± pâle; spores amygdaloïdes à ellipsoïdes.

Neuf espèces sont regroupés sous cette section : C. alboviolaceus, C. armeniacus, C. biformis, C. brevipes, C. bulbosus, C. lilacinus, C. quarciticus, C. turgidus, et C. urbicus.

Il existe beaucoup de cortinaires qui ont des parties lilas à violet pâle. C. alboviolaceus, le cortinaire blanc-violet, se distingue des autres cortinaires lilacés parce que toutes ses parties (chapeau, lames, pied, voile général, cortine et chair) sont de couleur lilas à violet pâle et le demeure avec l’âge sauf les lames qui deviennent brunes ocrées suite à la formation des spores. Son chapeau est glabre et luisant, il n’a pas d’odeur et on le trouve surtout sous bouleaux et peupliers. C. lilacinus, le cortinaire lilas, est très semblable mais a un pied plus bulbeux, son chapeau est un peu ocre au disque et il est associé aux chênes.

Cortinarius alboviolaceus / Cortinaire blanc-violet. PHOTO : Herman Lambert
Cortinarius alboviolaceus / Cortinaire blanc-violet. PHOTO : Herman Lambert

 

Cortinarius lilacinus / Cortinaire lilas. PHOTO : Renée Lebeuf
Cortinarius lilacinus / Cortinaire lilas. PHOTO : Renée Lebeuf

 

Section M : Renidentes Liimat. & Niskanen

Basidiome brun foncé; chapeau hygrophane écailleux; spores subglobuleuses; pileipellis duplex

Cette section ne possède qu’une espèce : C. impolitus. Son chapeau est hygrophane, brun-rouge foncé à brun ambre, parfois brisé en fines écailles apprimées. Ses lames sont brunes à brun grisâtre, son pied est brun jaunâtre pâle garni de restes véliques blanchâtres. C’est un cortinaire qui pousse souvent de façon cespiteuse sur sol sablonneux en milieu humide avec mousses sous conifères et hêtres.

 

Section N : Hinnulei Melot et Safranopedes Liimat., Kytöv. & Niskanen

Basidiome brun jaunâtre à brun ochracé; chapeau lisse, souvent avec zones noirâtres, très hygrophane; voile universel blanc, rarement jaune ou orange; odeur habituellement forte, terreuse ou raphanoïde; spores subglobuleuses à ellipsoïdes, souvent fortement verruqueuses; mycorhize avec feuillus.

5 espèces : C. castaneus, C. distans, C. hinnuleus, C. junghuhnii et, C. quercophilus Y. Lamoureux nom. prov.

Le cortinaire à lames espacées, C. distans, est très facile à reconnaître : l’espacement et la couleur rousse des lames au débuts sont uniques pour un cortinaire de taille moyenne. Son chapeau est finement squamuleux, hygrophane, brun rougeâtre à brun jaunâtre, ses lames sont larges, très espacées et rousses, son pied est concolore au chapeau avec une zone annuliforme blanchâtre. C’est un cortinaire hâtif, on peut le voir dès juillet.

 

Cortinarius distans PHOTO : Herman Lambert
Cortinarius distans / Cortinaire à lames espacées. PHOTO : Herman Lambert

 

Section O : Incrustati Melot, Helvelloïdes M.M. Moser, Paleaci Nespiak et Saniosi Moënne-Locc. & Reumaux

Cette section regroupe dix petits cortinaires : C. angelesianus, C. flos-paludis,C. aureovelatus, C. helobius, C. comptulus, C. hemitrichus, C. diasemospermus, C. pilatii, C. flexipes var. flexipes, C. flexipes var. flabellus et C. saniosus.

Cortinarius flexipes var. flexipes, le cortinaire à pied flexueux, est un petit cortinaire dont le chapeau ne dépasse pas 4 cm de diamètre, est ombonné presque papillé et entièrement couvert de méchules blanchâtres. Il est hygrophane, de couleur violet noirâtre à gris-violacé lorsque imbu devenant jaunâtre à brun grisâtre en séchant. Son pied élancé atteint 10 cm de longueur, il est courbe ou flexueux, violet à l’apex devenant grisâtre vers la base et recouvert d’abondants restes véliques formant souvent un pseudo-anneau et des flocons vers la base. Son odeur de pelargonium aide l’identification. On le trouve dans les milieux très humides à travers d’épais tapis de mousse sous divers feuillus. La variété flabellus diffère par l’absence presque complète de violet. Il existe aussi une variété inolens qui n’a pas l’odeur de pelargonium, le basiodome est brun-jaune avec des reflets violacés et le pied est garni d’une zone annuliforme bien marquée.

 

Cortinarius flexipes / Cortinaire à pied tortueux. PHOTO : Herman Lambert
Cortinarius flexipes / Cortinaire à pied tortueux. PHOTO : Herman Lambert

 

 

Section P : Hydrocybe (Fr.) Nezdojm

Espèces grêles, petites ou peu charnues; chapeau 0,5-4 cm, hygrophane se déshydratant habituellement à partir du bord, laissant apparaître des stries et un feutrage squamulo-fibrilleux, souvent bien évident à la marge; pied 1-6 cm, souvent pâle, plus ou moins luisant ou soyeux, égal ou légèrement renflé à la base; voile blanc ou blanchâtre (rougissant chez quelques espèces), souvent avec des nuances violettes ou rosées à lilas, parfois très fugace; chair souvent peu colorée; spores habituellement fortement verruqueuses, parfois spinuleuses

Cette section regroupe 8 espèces grêles et très hygrophanes au Québec : C. bibulus, C. decipiens, C. decipiens var. atrocoeruleus, C. depressus, C. odhinnii, C. parvannulatus, C. praestigiosus, C. umbrinolens et C. vernus

Le cortinaire trompeur, C. decipiens, est un petit cortinaire brun-gris dont le chapeau est plus foncé au centre avec des fibrilles blanchâtres à la marge. Son pied est parfois un peu violacé à l’apex. On le trouve sur sol humide sous feuillus. La variété atrocoeruleus est plus noirâtre.

 

 

Cortinarius decipiens / Cortinaire trompeur PHOTO : Renée Lebeuf
Cortinarius decipiens / Cortinaire trompeur PHOTO : Renée Lebeuf

 

Section Q : Anthracini Melot

Chapeau 1-4 cm de diamètre, brun rouge à brun pourpre clair, hygrophane; voile universel orange ou rouge; avec pigments anthrachioniques

C. anthracinus et C. colus sont les 2 espèces sous cette section au Québec.

Le cortinaire brun-noir, C. anthracinus, a un chapeau irrégulier avec un mamelon souvent pointu, très hygrophane, de couleur brun pourpre obscur teinté de rouge à brun marron, et de jaune orangé clair vers la marge. Ses lames et son pied sont rougeâtres foncés, son voile général est rouge orangé et sa chair rougeâtre foncé. On le trouve parmi les mousses dans les forêts de conifères et de feuillus.

 

 

Cortinarius anthracinus / Cortinaire brun noir PHOTO : Renée Lebeuf
Cortinarius anthracinus / Cortinaire brun noir PHOTO : Renée Lebeuf

 

Section R : Fulvescentes Melot et Laeti Melot

Chapeau 1-6,5 cm de diamètre, souvent mince, hygrophane, brun rouge chaud, rouge vineux à brun ocre, rarement brun olivâtre; pied fibrilleux soyeux; voile universel jaunâtre, ochracé, rosâtre ou rouge vineux, parfois très épars; chair ± brun jaunâtre, pas foncé ni noircissant vers la base.

Quatre espèces au Québec: C. bulliardii, C. fulvescens, C. laetissimus, C. ochrophyllus. Ce sont des cortinaires peu fréquents.

Le basidiome de C. fulvescens est élancé avec un chapeau conique, lisse, brun cuivré à vineux. Ses lames sont de couleur chamois crème à brun jaunâtre pâle, son pied est long et mince avec des bandelettes vélaires provenant du voile général fauve orangé à ocre. C. ochrophyllus diffère par son allure moins élancé, son chapeau légèrement fibrilleux-inné brun jaunâtre grisâtre, ses lames fauve orangé au début et son voile général jaune ochracé. On les trouvent sous les conifères.

 

Références :

  1. Knudsen, Henning & Vesterholt, Jan. (éd)  Funga Nordica. Agaricoid, boletoid and cyphelloid genera, Copenhagen: Nordsvamp, 2008. 965 p.
  2. Brandrud et coll., Cortinarius Flora Photographica, Vol 1-5, Cortinarius HB (Éd.), Klövervägen, Suède, 1990-2014
  3. Niskanen T, Kytovuori I, Liimatainen K (2011) Cortinarius sect. Armillati in northern Europe. Mycologia 103:1080–1101. doi: 10.3852/10-350

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